Lorsque la neige était assez abondante, on formait une boule de neige dans nos mains. Nous la roulions sur le sol neigeux, elle grossissait par accumulation. Nous obtenions ainsi une grosse sphère que nous placions au milieu de notre trottoir. Nous obtenions ainsi le ventre d’un bonhomme de neige. Nous recommencions avec une autre boule mais nous nous arrêtions avant qu’elle ne devienne trop lourde afin de la soulever et la fixer sur le ventre du bonhomme en guise de tête. Nous ajoutions une carotte pour le nez, des cailloux ou des boulets de charbon pour les yeux. Nous lui dessinions une bouche et nous lui ajoutions un vieux chapeau et une écharpe usée. Notre bonhomme restait là, immobile jusqu’à ce qu’il fonde à notre grand désespoir.

A l’école, dans la coure de récréation, nous improvisions des bagarres de boule de neige. Très peureux, je n’aimais pas ce jeu, mais néanmoins je participais. Au début je ne quittais pas mes gants ou mes moufles pour former la boule, mais je m’aperçu vite que je n’obtenais aucune forme. Je quittais mes gants et malgré le froid intense qui gelait mes doigts et mes petites mains je formais une véritable boule que je lançait ensuite sur mes ennemis. Je remarquais aussi que bien vite mes mains se réchauffaient agréablement. J’avais la hantise de recevoir une boule en pleine figure. D’autant plus qu’on nous avait mis en garde de ne pas inclure de caillou dans la boule. Cela s’était pratiqué plusieurs fois ce qui avait blessé gravement des enfants à l’œil.

Nous glissions aussi tour à tour sur les grandes plaques de glace du sol gelé.

Avec mon petit train électrique qui représentait sur un cercle de rails une locomotive à vapeur tirant un wagon de voyageur, j’imaginais une gare dans laquelle le train s’arrêtait puis repartais après le signal du chef de gare. Plus tard, mes parents purent m’offrir successivement une véritable locomotive électrique, genre BB9004, un ou deux wagons et quelques tronçons de rails supplémentaires pour construire au moins une bifurcation.

Lorsque j’eux mon mécano je construisis des cabines de téléphérique munies sur leur toit de petites poulies. J’aménageait des câbles avec des ficelles de charcutier entre la cuisinière Roja et une chaise. Avec un système de manivelles je remontais une cabine pendant que l’autre descendait. Je passais beaucoup de temps à perfectionner ou réparer mon téléphérique.




Nous fabriquions des arcs et des flèches, des épées avec les branches souples de noisetiers. Nous jouions aux mousquetaires. Nous perfectionnions nos armes pour qu’elles deviennent plus efficaces. Nous fixions des plumes à l’extrémité de nos flèches et affutions le bout pointu avec soin. Nous sculptions l’écorce des manches des épées ou des arcs

L’été, je rejoignais mes copains sur notre trottoir, dans le champ en face de chez nous. Nous étions libres. Nous n’avions pas l’impressions d’être surveillés par nos parents. Il ne passait que peu de voitures sur la route nous pouvions utiliser presque tout l’espace alentours sans danger.


Juste à côté de notre maison poussait du sureau. Nous coupions une branche épaisse que nous débitions en plusieurs morceaux de 10 cm environ. Nous évidions la partie moelleuse de l’intérieur de façon à obtenir un tube creux. Avec notre petit canif nous découpions une entaille. En ajoutant une feuille de papier à cigarette fixée avec un élastique à chaque extrémité, nos obtenions un mirliton avec lequel nous jouions des airs connus de notre époque.


L’été, après les moissons, les champs étant parsemés de grandes meules de paille, nous grimpions dessus et nous nous laissions glisser jusqu’au sol.
Une fois je me retrouvais à terre le pied coincé sous mes fesses. Le choc avait été assez violent et j’avais très mal à la cheville. Je ne pouvais plus marcher normalement autrement qu’en sautillant sur une jambe.
Mes camarades me ramenèrent chez moi. Mon père m’emmena, je ne sais comment chez le médecin qui détecta une entorse. J’avais terriblement mal. Je ne pleurais pas mais la douleur me faisait grimacer. Au centre d’apprentissage où travaillait mon père, exerçait un professeur de gymnastique qui se disait aussi guérisseur. C’était un disciple du Christ de Montfavet. Il le fit venir à la maison. Il regarda ma cheville et débita quelques mots. J’eus mal une ou deux journées, puis la douleur disparut complètement.



Michelle D était la seule fille de notre âge dans le voisinage. Elle était devenue notre copine. Elle aimait bien nous épater en nous montrant qu’elle était capable de pisser debout comme les garçons. Elle s’exécutait devant un mur et nous regardions tous ébahis. ***